Hernst Haeckel, une fraude pour contrer le créationnisme.
Hernst
Haeckel
(1834-1919)
est
un
biologiste
allemand
et
philosophe
de
la
fin
du
XIXe siècle.
Contemporain
et
admirateur
de
Charles
Darwin,
il
a
beaucoup
contribué
à
la
diffusion
de
la
théorie
de
l'évolution.
Il
a
encore
mêlé
biologie
et
sociologie,
s'orientant
vers
l'eugénisme
ou
le
darwinisme
social.
Après
avoir
rencontré
Charles
Darwin,
en
1866,
il
publie
un
livre,
Generelle
Morphologie
der
Organismen,
dans
lequel
il
développe
sa
théorie
de
la
récapitulation.
Cette
théorie
se
peut s'énoncer à l'aide d'une phrase :
«
L’ontogenèse
résume
la
phylogenèse.
»
L'ontogenèse
est
la
croissance
d'un
organisme
jusqu'à
sa
forme
mûre,
la
phylogenèse
est
l'histoire
du
processus
évolutif
des
espèces.
La
récapitulation
veut
qu'au
cours
de
l'ontogenèse,
l'organisme
passe
par
les
stades
de
l'évolution
en
présentant
des
caractères
de
ses
ancêtres.
Pour
appuyer
ses
dires,
Haeckel
fait
appel
à ses
talents
de
dessinateur.
Il
a
dessiné
des
planches
de
comparaison
d'embryons
de
différents
espèces
en
montrant
les
ressemblances
observées.
De
très
jolies
planches,
très
parlantes
pour
une
visée
de
vulgarisation.
Cependant,
certains
dessins
d'observations
sont tout
simplement
inventés.
Ne
disposant
pas
d'assez
de
matière,
Haeckel
a
artificiellement
accordé
ses
dessins
avec
sa
théorie.
Nous
sommes
en
présence
d'une
fraude
scientifique
par
fabrication
de
données.
Cette
fraude
sera
démasquée
par
un
autre
chercheur,
ennemi
d'Haeckel,
Wilhelm
His,
et
reconnue
comme
telle
par
l'université
d'Iéna
en
1874.
Pourtant, les
planches
de
Haeckel
se
retrouvent
aujourd'hui
encore
dans
les
manuels
scolaires
de
certains
pays.
C'est
bien
en
cela
que
cette
fraude
est
intéressante :
reconnue
très
tôt,
elle
a
été
étouffée
longtemps.
C'est
seulement
en
1997
que
Michael
Richardson,
un
chercheur
anglais
a
définitivement
démontré
la
fraude
d'Haeckel.
Cette
persistance
dans
l'erreur
peut
s'expliquer
par
deux
raisons.
Tout
d’abord,
la
théorie
de
la
récapitulation
est
actuellement
et
depuis
les
débuts
de
la
génétique
désuète.
Ainsi,
plus
besoin
de
s’appesantir
sur
des
erreurs
passées.
Cela
dit,
si
les
planches
d'Haeckel
ont
été
utilisées
dans
un
cadre
scolaire
c'est
qu'il
s'agissait
d'un
formidable
outil
de
vulgarisation,
qui
emporte
la
conviction.
Remettre
en
cause
cet
outil
risquerait
de
donner
des
armes
au
créationnisme,
théorie
qui
trouve
davantage
de
défenseurs
de
nos
jours.
Quand
en
1997,
Michael
Richardson
publie
l'article,
« There
is
no
highly
conserved
embryonic
stage
in
the
vertebrates:
implications
for
current
theories
of
evolution
and
development »,
celui-ci a
servi
d'argument
contre
les
évolutionnistes.
Ce
que
Richardson
a
amèrement
regretté.
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Haeckel
voulait
que
sa
théorie
soit
un
argument
irréfutable
contre
le
créationnisme.
Un
objectif
pareil,
justifiait
de
ne
pas
s’encombrer
de
détails
ni
d’observations
en
nombre
suffisant.
Haeckel
a
donc
pensé
que
la
vérité
scientifique,
justifiait
largement
de
falsifier
des
dessins
d’observation.
Cependant,
les
créationnistes
eux
aussi
sont
capables
d’observer
et
de
comparer
des
embryons.
Ainsi,
Haeckel
non
seulement
n'a
pas
convaincu
les
créationnistes
mais
en
plus
leur
a
donné
un
argument,
certes
fallacieux,
contre
la
théorie
de
l’évolution.
La
récupération
de
cette
fraude
par les
négationnistes
empêche d'accéder à une information neutre sur le sujet,
en particulier sur
internet.
Les
sources
d'information
françaises
sont
extrêmement
laconiques
sur
le
sujet.
On
peut
citer
un
article
du
magazine
Pour
la
Science
de
mai
1997
(no
247).
Sinon
la
fraude
est
soit
vaguement
mentionnée,
soit
proprement
ignorée.
Il
faut
donc
se
tourner
vers
les
sources
anglophones.
On
y
voit
deux
types
de
sources.
D'un
côté,
les
informations
neutres
comme
l'article
de
Michael
Richardson
ou
encore
un
site
faisant
le
point
sur
le
débat
entre évolutionnisme
et
créationnisme,
talkorigins.org.
D'un
autre
côté,
il
y
a
les
articles
créationnistes,
très
précis
et
très
bien
renseignés.
Bien
entendu,
ils
contiennent
des
jugements
peu
scientifiques
et
des
points
de
vue
définitifs
et ils
sont
donc à
lire
avec
prudence.
On
voit
le
magazine
Creation
ou
encore
le
site
antievolution.org.
Cette
fraude,
par
ses
relais,
reflète
le
malaise
que
la
science
entretient
vis-à-vis
de
l'erreur.
Comment
admettre
qu'une
théorie
que
l'on
nous
a
prouvée
soit
fausse
?
On
constate
aussi
l'inertie
de
la
culture
scientifique
d'une
société.
Ici,
la
fraude
a
cristallisé
un
débat
de
société
et
est
utilisé
comme
arme
rhétorique :
«
Vous
avez
fraudé
pour
ces démonstrations, donc
vous
avez
fraudé
pour
tout
».
Or,
les
schémas
ne
concernaient
pas
directement
la
théorie
de
l'évolution
mais
celle
de
la
récapitulation,
certes
dérivée
de
la
première.
Ainsi,
même
lorsqu’une
question
scientifique
devient
un
débat
de
société,
les
scientifiques
doivent
respecter
la
déontologie,
d'autant
que
leurs
résultats
seront
évalués
de
manière
particulièrement
critique.
SOURCES
«
Une
fraude
en
embryologie
»,
Pour
la
Science,
mai
1998,
no
247,
p.10-12.
BRITAIN,
Troy,
« Haeckel's
embryos »,
antievolution.org,
2001,
<http://www.antievolution.org/topics/law/ar_hb2548/Haeckels_embryos.htm>
(dernière
consultation
le
25
avril
2012).
GRIDD,
Russel,
« Fraud
rediscovered »,
Creation,
no
20, mars
1998,
p.
49-51,
<http://creation.com/fraud-rediscovered>
(dernière
consultation
le
25
avril
2012).
MYERS,
PZ,
« Wells
and
Haeckel's
Embryos »,
The
TalkOrigins
Archive,
publié
le
15 janvier
2004,
<http://www.talkorigins.org/faqs/wells/haeckel.html>
(dernière
consultation
le
25
avril
2012).
RICHARDSON,
Michael,
« There
is
no
highly
conserved
embryonic
stage
in
the
vertebrates:
implications
for
current
theories
of
evolution
and
development »,
Anatomy
and
Embryology,
no 196,
1997,
p.
91–106.
Arthur Di Fabio
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire