Parler à nos proches
peut-il nous mettre en danger ? Le débat sur l'éventuel caractère
cancérigène des ondes électromagnétiques émises par nos
téléphones ne date pas d'hier. Aussi de
nombreuses recherches ont-elles été menées sur ce sujet. Et les
réponses qu'elles ont apportées n'ont fait que relancer le débat.
C'est le cas, étrangement peu médiatisé en France, des recherches
menées en 2005 et 2008 par Hugo Rüdiger,
de l'Université médicale de Vienne. Ses études « montraient »
un lien flagrant entre l'exposition aux ondes et des brisures dans
les chaînes ADN provoquant des cancers. En 2008, le biologiste
allemand Alexander Lerchl alerte le Mutation Research, dans
lequel est paru le premier article, signalant des résultats
suspects. Après étude par un comité portant sur chacun des
articles, il s'avère que les résultats sont même plus que suspects
: ils ont été créés de toute pièce.
Lors des expériences,
des cellules étaient bombardées par des ondes, d'autres non, comme
témoins. Les chercheurs n'étaient pas censés savoir
quelles cellules avaient été bombardées, pour éviter les fraudes.
Chaque paquet de cellules étant numéroté, ce n'est qu'une fois les
résultats validés que les chercheurs auraient dû avoir
connaissance du code pour identifier chacune d'elles. Or, selon le
rapport du comité, la technicienne en charge des résultats,
Elisabeth Kratochvil, aurait eu connaissance de ce code et aurait
ensuite « fabriqué » les résultats en conséquence,
ceci dans le but de « prouver » les effets nocifs des
ondes électromagnétiques sur l'ADN. Mais l'histoire ne s'arrête
pas là : Rüdiger demande alors une révision de ce rapport,
estimant qu’il y a
conflit d'intérêt. En effet, un avocat faisant partie du
comité a par le passé collaboré avec une compagnie de
télécommunication. Les résultats sont alors revus par un nouveau
comité, qui en arrive aux mêmes conclusions. L'article
de 2008 est alors retiré. En ce qui concerne l'article de
2005, il reste en attente de plus amples vérifications. En effet, le
matériel utilisé alors n’était pas
celui du laboratoire de Rüdiger mais un matériel à priori moins
sujet à caution.
Rien ne permet encore de
statuer sur la véracité des résultats parus dans l'article de
2005, bien que les soupçons d'Alexander Lerchl et de nombre de ses
confrères soient grands. Les implications d'une telle étude sont
telles que l'on comprend aisément que les comités prennent des
pincettes avant de conclure , malgré l'urgence et la nécessité de
résultats capables de mettre un terme à ce débat qui, depuis trop
longtemps, dure...
Morand Maxime
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